Votre JavaScript est désactivé.

Merci de l'activer pour utiliser Pharmaid.

Suivez ce lien pour activer JavaScript ou contactez-nous.

Attention, votre navigateur ne permet pas de profiter de Pharmaid à 100%

Pour remédier à ce problème, nous vous proposons de télécharger un des navigateurs suivants

Le dérèglement climatique pique où ça fait mal!

Jusqu’à un milliard de personnes pourraient être exposées à des arthropodes vecteurs de maladies d’ici la fin du siècle en raison des dérèglements climatiques que nous connaissons déjà, selon une nouvelle étude qui examine les changements de température sur une base mensuelle à travers le monde.

31/07/2019 11:40am

Les scientifiques disent que les nouvelles sont mauvaises, même dans les régions où le risque d’avoir un climat propice au développement de certains moustiques est faible, car les virus qu’ils véhiculent sont réputés pour provoquer des épidémies explosives lorsqu’ils apparaissent au bon endroit dans les bonnes conditions. Les spécialistes estiment que le changement climatique est la menace la plus importante et la plus complète pour la sécurité sanitaire mondiale. Les moustiques, dont on parle beaucoup, ne sont qu’une partie du défi, mais après l’épidémie de Zika au Brésil en 2015, ils se disent plus qu’inquiets. L’équipe de recherche dirigée par Sadie J. Ryan de l’Université de Floride a étudié ce qui arriverait si les deux moustiques porteurs les plus courants – Aedes aegypti et Aedes albopictus – voyagent au fil des décennies à mesure que la température se modifie (1).

Déjà chez nous…

Un groupe de scientifiques dont des spécialistes de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers s’est réuni pour étudier de plus près la mobilité des moustiques Aedes notamment (2). Ces moustiques sont d’ailleurs de plus en plus présents sur notre territoire. Le taux de propagation estimé du moustique tigre en Europe au cours des dernières décennies est d’environ 100km par an. Leurs découvertes récentes dans les parkings dans le sud de la Belgique sont probablement les premières indications que le moustique tigre a atteint la Belgique en provenance de régions déjà colonisées au sud de l’Europe. Cependant, ils arrivent aussi par bateau dans les grandes installations portuaires, comme Anvers, et on en retrouve aussi autour des aéroports. Cela ne signifie pas qu’il faut s’attendre à une épidémie due aux virus portés par ces moustiques, mais les risques sont présents. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les moustiques représentent l’une des espèces les plus mortelles au monde en raison des maladies dont ils sont les vecteurs et qui causent des millions de décès chaque année. Aedes aegypti et Aedes albopictus peuvent tous deux être porteurs des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika, ainsi que d’au moins une douzaine d’autres maladies émergentes.

Capture decran 2019 07 31 a 11.32.14

Plus tôt qu’on croit…

Des chercheurs australiens (3) ont découvert récemment qu’Aedes aegypti semble le plus dangereux effectivement pour transmettre le Zika. En effet, selon leurs recherches, 50 à 60% des moustiques transmettant la dengue pouvaient effectivement transmettre le virus Zika 14 jours après avoir été infectés, contre 10% des moustiques tigrés. Les chercheurs ont également retrouvé la présence de virus au sein des ovaires de ces moustiques. Pour eux, il s’agit donc d’une nouveauté, car si les œufs de ces moustiques peuvent contenir du virus, cela signifie que la transmission se ferait aussi de façon verticale sans hôte intermédiaire. D’ailleurs, le Zika a été retrouvé dans les larves de ces moustiques. C’est ce qui pourrait expliquer la persistance du virus dans l’environnement et transmettre le virus à l’homme dès leur éclosion. Si tout ceci est confirmé dans d’autres régions du globe, la pandémie pourrait survenir plus tôt que prévu. Un changement climatique plus grave entraînerait une exposition proportionnellement plus forte de la population pour le moustique Aedes aegypti. Mais dans les régions où l’augmentation du climat est la plus forte, y compris en Afrique de l’Ouest et en Asie du Sud-Est, on s’attend à des réductions importantes pour le moustique Aedes albopictus, surtout en Asie du Sud Est et en Afrique occidentale. L’équipe de chercheurs a examiné les températures mois après mois pour prévoir les risques jusqu’en 2050 et 2080. La modélisation n’a pas prédit quel type de moustique migrerait, mais a plutôt tenu compte d’un climat où leur propagation ne serait pas empêchée. Un peu comme La peste de La Fontaine, «ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient touchés.» Il y a donc de bonnes raisons sanitaires pour manifester pour le Climat…

Dérèglements climatiques: plus que vous pensez...

Aujourd’hui, il est plus juste de parler de dérèglements climatiques que de réchauffement climatique, mais, quel que soit le terme choisi, les conséquences sont beaucoup plus importantes qu’une augmentation moyenne de la température terrestre… (4) En effet, l’objectif des Accords de Paris était de ne pas dépasser un accroissement de 2°C sur l’ensemble de notre planète. Cependant, ce chiffre n’est qu’une moyenne. Dans un article récent, des scientifiques prédisent que les vagues de chaleur estivales que nous allons connaître seront bien plus dévastatrices pour la faune et la flore que les 2°C présentés et qui pour la plupart d’entre nous ne représentent pas grand-chose. Souvenons-nous de 2003, lorsque la vague de chaleur en Europe a été responsable d’un excès de mortalité de plus de 70.000 personnes. Les chercheurs ont recueilli plus de 140 études afin d’analyser les conséquences possibles. Certains scénarios montrent que cette vague de chaleur connue en 2003 pourrait, dans les années à venir, être non seulement aussi intense, voire plus, mais surtout durer beaucoup plus longtemps, jusqu’à 4 fois plus longtemps d’ici à la fin du siècle. Les effets de la chaleur modifient aussi notre physiologie et notamment celles des protéines capables de nous protéger contre les méfaits de cette augmentation de température. Sans vouloir jouer les Cassandre, les chercheurs estiment que ces vagues de chaleur à venir éclipseront toutes celles que nous avons connues précédemment par leur intensité et leurs conséquences.

Pierre Dewaele

Source: Pharma-Sphère

Références
1. Ryan SJ, Carlson CJ, Mordecai EA et al. Global expansion and redistribution of Aedesborne virus transmission risk with climate change. PLoS Negl Trop Dis 2019;13(3):e0007213.
2. Kraemer MUG, Reiner RC, et al. Past and future spread of the arbovirus vectors Aedes
aegypti and Aedes albopictus. Nature Microbiology 2019;4:854–63.
3. Hugo LE, Stassen L, La J, et al. (2019) Vector competence of Australian Aedes aegypti and Aedes
albopictus for an epidemic strain of Zika virus. PLoS Negl Trop Dis 2019;13(4):e0007281.
4. Stillman JH. Heat Waves, the New Normal: Summertime Temperature Extremes Will
Impact Animals, Ecosystems, and Human Communities. Physiology 2019;34(2):86-100.