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La dermatologie pédiatrique

La dermatite atopique, les hémangiomes infantiles et les infections cutanées sont des affections très fréquentes en pédiatrie. Le Dr Chantal Dangoisse, chef de clinique en dermatologie à l’Huderf, en dresse les tableaux cliniques et thérapeutiques.

11/12/2017 2:31pm

Dermatite atopique
Plus d’un nourrisson sur dix devra faire face à une dermatite atopique (DA). Cette inflammation cutanée peut s’accompagner d’allergies, alimentaires dans les premières années de vie et puis, en grandissant, aéroportées (acariens, pollens…). Elle se manifeste par des rougeurs dans les plis cutanés, des plaques sèches repérables au toucher et de graves démangeaisons. Elle peut aussi se compliquer d’infections bactériennes, virales et mycosiques, d’eczéma de contact et de retard de croissance en cas d’allergie alimentaire. Ici aussi, on parle de microbiote cutané et intestinal: «On a montré chez les atopiques une diminution de la diversité microbienne, explique le Dr Chantal Dangoisse. Avant, ce que l’on savait, c’est qu’il y a une colonisation de la peau des atopiques à 90% par des staphylocoques dorés, donc même sur une peau normale, non lésée. D’où la facilité de réinfection, d’où l’idée de manipuler le microbiote cutané en utilisant des émollients qui contiennent des bactéries Gram négatives»«Quand les atopiques ont un herpès labial, ils peuvent faire quelque chose de plus explosif, des vésicules herpétiques voire une dissémination de l’infection herpétique. Les varicelles chez les enfants atopiques sont beaucoup plus sévères; il peut donc être intéressant de les vacciner contre la varicelle. Autre complication virale: le Molluscum contagiosum: c’est pratiquement le marqueur indirect d’un terrain atopique. La meilleure solution est de faire une destruction mécanique (curetage), ou alors appliquer une solution à l’hydroxyde de potassium, pas toujours facile à manipuler (brûlures). Le Papillomavirus serait aussi plus fréquent chez les atopiques. Enfin, si une eczématite perdure et est inflammatoire, surtout s’il y a des pustules, il peut y avoir une surinfection mycotique».

Déclencheurs clés
Les irritants et allergènes alimentaires ou aériens sont des déclencheurs clés de l’environnement. «Les facteurs aggravants sont les savons, la transpiration, les vêtements en laine et synthétiques au contact direct de la peau, l’environnement plus sec en hiver, la piscine, le tabagisme passif, le stress…»

Prise en charge
La prise en charge de la dermatite atopique se base sur la sévérité du tableau:
• peau sèche: traitement de base (identification et éviction des facteurs déclenchants et hydratation cutanée avec des émollients);
• DA légère à modérée: dermocorticoïdes faibles ou inhibiteurs topiques de la calcineurine;
• DA modérée à sévère: CST de classe supérieure et ITC;
• DA récalcitrante et sévère: traitement systémique par ciclosporine.

«D’ici deux ans, on aura un anticorps monoclonal. On fait aussi de la photothérapie, surtout quand le prurit est majeur». «Les émollients sont la pierre angulaire du traitement de la DA, confirme la dermatologue. Ils permettent de maintenir l’hydratation, de restaurer la barrière cutanée, de contrôler le prurit, de diminuer l’utilisation des corticostéroïdes topiques et de prévenir les récidives».

Causes d’échec du traitement
Les causes d’échec du traitement local de l’inflammation sont la non-compliance (40% d’observance dans toutes les maladies dermatologiques chroniques, croyances fausses, lassitude, mauvaise information…), une sur-infection non contrôlée, trop peu de dermocorticoïdes (corticophobie), ou inadéquation de la puissance des CST. «Ce qui est important dans la dermatite atopique, c’est de faire de l’éducation thérapeutique (écoles de l’atopie) pour pallier à tous ces inconvénients et aider les parents et les enfants».

Hémangiomes
Les hémangiomes (HA) infantiles sont des tumeurs vasculaires bénignes. Ils ont tous une histoire similaire: apparition dans les jours ou semaines suivant la naissance, phase de croissance les 6-8 premiers mois, puis stabilisation et régression nette à partir de l’âge de 1 an (en 5 à 7 ans). «Le message pour les parents et qu’il ne faut rien faire parce que la plupart du temps ça va disparaître en 2-3 ans. Il reste souvent (> 50% des cas) des séquelles, résiduelles ou cicatricielles». Donc, pour traiter un HA non compliqué, on ne fait rien (régression naturelle) ou un traitement local (crème propranolol 1-2%, timolol) pour les petits hémangiomes superficiels: «L’effet prend du temps (3-4 mois) et est maximum après 9-12 mois». Si l’HA est compliqué (ulcération, nécrose…): le traitement se fait par des bêtabloquants (propranolol, VO), CTSystémique (risque arrêt de croissance), IFN Alpha (risque hémiplégie spastique), vincristine (abandonnée), chirurgie, laser à colorant pulsé (controversé, risque de nécrose et ulcération). Quand traiter? «Si la localisation est à risque, s’il y a un risque d’ulcération, si l’ulcération est déjà présente. Par contre, on ne traite pas les nouveau-nés pendant le 1er mois parce qu’il y a un risque d’hypoglycémie, et en cas de contre-indication (hypertension artérielle, asthme, bronchiolite, insuffisance cardiaque…). Il faut stopper le traitement au propranolol en cas de jeûne (gastro-entérite, chirurgie…) et de bronchiolite. Les troubles du sommeil sont un effet secondaire fréquent solutionné en donnant la dernière dose avant 17h».

Infections
«Elles peuvent apparaître au retour des vacances où on peut avoir un impétigo ou des piqûres d’insectes surinfectées. Elles nécessitent un frottis bactériologique et, en cas de présence de streptocoques, il faut faire un suivi par tigette urinaire à la recherche d’une protéinurie. Quand il y a des lésions impétéginisées et qu’il reste quelque chose après traitement, il peut s’agir d’une leishmaniose cutanée ou d’un herpès». Les teignes dans le cuir chevelu peuvent être sèches. On relève trois modes de transmission: anthropophile, zoophile, ou géophile. «Les souches zoophiles restent stables au cours du temps, les anthropophiles ont diminué à partir du moment où on a introduit les antifongiques oraux et où on a amélioré les conditions sanitaires et elles réaugmentent en suivant l’intensité des flux migratoires». Parmi les facteurs causaux: une susceptibilité génétique, le type de coiffure, l’accès aux soins de santé, la contamination souvent intrafamiliale, les porteurs asymptomatiques, les allées et venues avec le pays d’origine… Cette infection très contagieuse se traite par un shampooing au kétoconazole ou une crème à l’imidazole. 

Source Pharma-Sphère
D’après une présentation* du Dr Chantal Dangoisse
Dermatologue
* 20e Séminaire du Bon Air, Genval, 30 septembre 2017.